mardi 20 mars 2007
Mais qu'est-ce que c'est tout çà doudou dis-donc?
Au Bord de l'Eau est l'un des quatre grands romans classiques chinois en langue vulgaire. Pas le plus connu, on pourrais citer surtout Périgrination vers l'Ouest (ou le Roi Singe) dont DragonBall est une libre adaptation. Il y a aussi Les Trois Royaumes, mythe fondateur de la chine où des grands personnages historiques tranchent cent têtes ennemies d'un unique coup d'épée magique. Ainsi que le Rêve dans le Pavillon Rouge qui est la chronique sociale d'une maison noble.
Le Shui Hu Zhuan (ou Chronique des Bords de l'Eau) à été rédigé au XII° par Shi NaiAn et coécrit ou étoffé selon les sources par Luo Guan-Zhong.
(C'est cette version qui à servit pour la traduction de Jaques Dars chez Gallimard qui est le texte sur le quel je me base essentiellement)
Les deux lettrés considéraient que la littérature en langue savante était inférieur aux légendes qui se racontaient dans les salles de spectacles des quartiers de réjouissance en chine à l'époque.
Il furent les premiers à rediger un roman-feuilleton dans une langue jusqu'alors déconsidérés par les haut fonctionnaires.
Mais quelle était leur inspiration?
On sait qu'à Shi NaiAn préexiste un texte assez court où sont déjà répertoriés les grands capitaines, la trame principale et des épisodes fameux comme "Le convoi d'anniversaire". Mais il semble évidant que ce texte aurais d'abord inspiré les conteurs tant il est la structure formelle du récit.
Ces conteurs avaient aussi des aides mémoires, voilà pour les autres traces écrites qui auraient pu servir par la suite.
En tout cas les séances devaient durer une heure à peu près j'imagine, puisque qu'il fallait bien une entracte pour faire passer le chapeau dans le publique. Ce qui d'emblée donne un rythme feuilletonesque à l'histoire. Je vais d'ailleurs ici révéler les secrets des conteurs de l'époque révélés avant moi par la sainte-légère-légèrienne préface de la version de Jin ShengTan (car le shui hu a été réécrit, corrigé, censuré, étoffé, accommodé et rapiécé de nombreuses fois jusqu'à aujourd'hui )et pour tout les détails je vous renvois à la préface d'Etiemble du roman en Folio ou Pléiade.
Bref.
" Pour apprécier Au Bord de l' Eau comme il se doit il faut rendre compte de certaines techniques littéraires (fa) magistrales, qui sont au nombre d'une quinzaine. Les voici.
I. INVERSION-INSERTION
(Dao Cha Fa) : placer subitement en avant un passage qu'on attendrait qu'en suite.
II. INSERTION
( Jia Xu Fa) : quand dans une situation donnée deux personnages parlent en même temps et quand, avant que l'un ait fini, l'autre prend la parole.
III. LA TRACE DU SERPENT DANS L'HERBE
( Cao She Hui Xian Fa ) : la répétition subtile d'éléments dont le sens ne se révèle que par la suite. Si on lit hâtivement, c'est comme s'il n'y avait rien du tout, mais si l'on scrute soigneusement le texte, on s'aperçoit qu'il y a un fil et qu'en tirant dessus on fait bouger toute la construction.
IV. LA DESCRIPTION EN GRAND
(Da Luo Mo Fa): par exemple quand Wu Yong va convaincre les trois frères Ruan; quand la mère Wang s'entremet dans une affaire amoureuse; quand Wu Song tue le tigre; quand Song Jiang est pris au piège dans village de la Route-Circulaire,etc.
V. L'AIGUILLE DANS LA SOIE ET LA PIQUE DANS LA BOUE
(JIn Zhen Ni Ci Fa): où il y a dans ce qui n'est pas dit "un couteau aigu qui pénètre et qui tue".
VI. BADIGEONNER DU BLANC PAR DERRIERE
( Bei Mian Pu Fen Fa): c'est à dire la mise en relief des personnages par contraste , les faire-valoirs, confidentes, etc.
VII. L'INTRODUCTION PROGRESSIVE
(Nong Yin Fa): pour ne pas faire surgir subitement un long passage, , on commence par l'ammener par un passage plus bref - pensez aux Simpsons.
VIII. LA QUEUE DE LOUTRE
(Ta Wei Fa): à l'issue d'un épisode important, il ne convient pas de s'arrêter brusquement; alors l'auteur fait en quelque sorte sentir des mouvements de ressac.
(oh!!! celle là elle est aussi dans le KamaSutra non?)
IX. L'OFFENCE CARACTERISEE
(Zheng Fan Fa): C'est à dire le tour de force consistant à répéter un theme en en variant les péripétie.
X. L'OFFENCE LEGERE
(Lue Fan Fa): quand par exemple Lin Chong tête de léopard vend son sabre; ou les épisodes de Tang le bouvillon et Yun le cadet; Zheng le boucher dans sa boutique; la Forêt Joyeuse et Jiang le dieu de la porte; ou l' essai des coutelas de moine dans les monts des Scolopendres.
XI. LA FAUSSE CANDEUR EXTREME
(Ji Bu Xin Fa) : c'est à dire que l'auteur brouille les cartes en placant de longs passages apparemment en dehors du sujet.
XII. LA CANDEUR EXTREME
(Ji Xin Fa) : quand Wu Song rencontre justement Wu l'aîné en revenant à Yang Gu et l'emmène: quelle coïncidence! Ou quand Song Jiang, au kiosque du Luth, mange de la soupe de poisson et qu'il est pendant plusieurs jours pris de coliques.
XIII. TOUT LAISSER ALLER AU MOMENT DE CONCLURE
(Yu He Gu Zong Fa) : où lorsque l'on pense qu'un épisode va finir tout repart soudainement, aucun rapport avec les coliques.
XIV. LES PICS NOYÉS DANS LES NUÉES
(Heng Yun Duan Shan Fa) : c'est à dire une digression momentanée. Ainsi lorsqu'un épisode est trop long et qu'on a peur de faire faiblir l'intérêt, alors on le tronque et on insère entre les deux parties une nouvelle péripétie.
XV. LE FIL ENGLUE POUR PRENDRE LE FAISAN
(Luan Jiao Xu Xian Fa): quand Yan Quin se rend au repaire des paludes des monts Liang pour annoncer telle nouvelle et qu'en route il rencontre Yang Xiong et Shi Xiu, qui ne le connaissent pas et qui vont, eux, du Liang Shan Po à Da Ming Fu la capitale orientale; tous cheminent par de petits sentiers - et se rencontrent, comme s'il n'y avait qu'un seul chemin sur cet itinéraire!
(Jin ShengTan - Traduction Jaques Dars * plus quelques annotations du rédacteur)
Par la suite je vous informerais sur l'origine historique de cette légende et sur ses nombreuses adaptations dans d'autres media .
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